Page 23 - Les 40 ans de la SADC Renforcer la Coopération et l’Intégration Régionales

total pour tous les secteurs était passé à 62 mille
milliards de dollars américains, selon un rapport du
Groupe de travail inter institutions des Nations
Unies, qui a déclaré que la région frontalière de
l'Afrique du Sud avait enregistré la perte de plus de
1,5 million de vies, y compris des enfants touchés
par les conflits et par le manque d'accès à la
nourriture et aux soins de santé.
Le président Kaunda (à droite) a cité «
l’indignation morale suscitée par les pertes de vies
et la crise économique dont le
système de l'apartheid est
responsable dans la région de
l'Afrique australe dans son
ensemble et ... la nécessité de
rejeter l'idée erronée qui prévaut
dans certains milieux
internationaux selon laquelle
l'idéologie du mal de l'apartheid
n'affecte que la population en Afrique du Sud.
La politique déclarée de « stratégie totale » de l’apartheid concerne tous les
pays, frappant toujours leur point faible. Voir le tableau 1.1.
Les itinéraires de transport relient la région, la rendant interdépendante.
Bien que le principal réseau routier et le réseau ferroviaire convergent vers le
centre sud-africain, des routes régionales plus courtes et moins chères ont 13
également été développées vers les ports du Mozambique et de l'Angola. Ces
itinéraires sont la clé de la réduction de la dépendance régionale à l’égard de
l’Afrique du Sud de l’apartheid et constituent donc la principale cible économique
et militaire de la « stratégie totale » de Pretoria contre la région.
L'Afrique du Sud était donc dans une situation de guerre non déclarée
avec le Mozambique et l'Angola depuis leur indépendance en 1975 tout au long de la décennie
des années 1980 jusqu'à l'indépendance de la Namibie en 1990, coupant ainsi les voies de
transport alternatives pour toute la région, à l'exception de la route du nord, le Chemin de fer
TanzanieZambie (TAZARA) jusqu'au port de Dar es Salaam. La région de l'Afrique australe
est ainsi liée par la géographie, l'histoire, la culture et la réalité économique mais a été déchirée
par l'effronterie morale de l'apartheid.
Dans les années 80, l'Afrique du Sud de l'apartheid a envahi et attaqué l'Angola et le
Swaziland (Eswatini); dégradé ou attaqué les capitales du Botswana, du Lesotho, du
́
Mozambique, de la Zambie et du Zimbabwe; armé des groupes dissidents en Angola et au
Mozambique, et au Lesotho, en Zambie et au Zimbabwe; entravé des approvisionnements en
pétrole dans six pays; attaqué les chemins de fer, perturbant les transports et les routes
commerciales de sept pays; et bloqué le Lesotho, créant les conditions du coup d’État de
janvier 1986.
L'année 1986 s'est poursuivie comme un tourbillon à l'intérieur et à l'extérieur de
l'Afrique du Sud, avec l'escalade des violences à l'intérieur du pays et les représailles contre
les pays voisins atteignant un point culminant avec la mort du président Samora Moises
Machel du Mozambique le 19 octobre 1986 dans un accident d'avion à Mbuzini, à 150 mètres
à l'intérieur du territoire sud-africain, accident qu'on pense avoir été provoqué par une fausse
balise placée, guidée et surveillée par les forces de sécurité de l'apartheid. Juste au moment
où les leaders régionaux pensaient prendre le dessus, alors que les bidonvilles sud-africains
étaient en plein bouleversement une décennie après le soulèvement de Soweto en 1976,
l'apartheid a frappé au cœur des États de la ligne de front (FLS) et de la SADCC, et a provoqué
la mort d'un dirigeant clé dans un accident d’avion pendant qu’il rentrait chez lui la nuit d'une
mission FLS en RDC (à l'époque Zaïre) à Mbala, en Zambie. Mais cela n’a pas arrêté la lutte
contre l’apartheid.